« Dans un monde où le tiers de la nourriture produite est perdue ou jetée selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation (FAO), la France est à l’avant-garde des politiques de réduction des pertes grâce notamment à sa législation qui impose aux grandes surfaces de redistribuer les invendus aux associations caritatives » The Economist.
Consommateur, producteur, distributeur, nous avons tous le pouvoir de réduire et de valoriser encore davantage nos déchets. L’objectif zéro gaspillage n’est pas une utopie. La preuve : des consommateurs et même des grandes surfaces ont réussi à l’atteindre ! Quelles sont les solutions qui marchent ?
Délicieuse économie circulaire…
Les articles interdits aux dons ou non récupérés par les associations peuvent aussi être proposés à des entreprises qui les utilisent alors comme matière première pour créer des produits éco-responsables. Sandrine Saveurs, une TPE basée en Eure-et-Loir, confectionne par exemple ses confitures à partir des fruits trop mûrs ou abimés qu’elle collecte dans les hypers d’Ile-de-France. Dans un autre genre, la Brasserie de la Loire, près de Saint-Etienne, récupère les invendus de la boulangerie voisine pour proposer une délicieuse bière artisanale à base de pain sec. Les invendus peuvent aussi être valorisés et transformés directement en grandes surfaces. C’est l’exemple des croissants et des pains au chocolat qui peuvent retrouver une seconde jeunesse en rayon grâce aux amandes.
Ça se mange (encore) ?
Mais pour les distributeurs comme Carrefour, la meilleure façon de lutter contre le gaspillage alimentaire est de gérer au mieux les stocks et de vendre les denrées proches de leur date de péremption ou de leur pic de qualité gustative grâce à une politique de rabais attractive (prix cassés, paniers surprise avec l’association Too Good To Go)…). La gestion de ces produits « en date courte » est toutefois différente selon qu’il s’agisse des produits frais ou des autres. Les premiers (viandes, poissons, charcuteries, plats cuisinés réfrigérés, yaourts....) sont soumis à des « dates limite de consommation » (DLC) après laquelle leur vente est interdite en magasin. Les autres (gâteaux secs, conserves, sodas, chocolats…) se voient apposés des « dates de durabilité minimale » (DDM) introduites par la mention « à consommer de préférence avant… ». Contrairement aux idées reçues, le dépassement de la DDM ne les rend pas impropre à la consommation. Il s’agit juste d’une limite après laquelle le produit peut perdre peu à peu ses qualités nutritionnelles et gustatives.
+ de clarté, - de gâchis
La mauvaise interprétation des DDM est responsable de près de 20 % du gaspillage alimentaire ! Et ce alors même que ces produits peuvent être consommés et même légalement commercialisés après l’échéance. Carrefour milite d’ailleurs avec des associations antigaspi comme Too Good To Go pour clarifier la notion de durabilité alimentaire et remplacer « à consommer de préférence avant… » par une mention plus simple comme « meilleur avant… » Certaines denrées longue durée comme le sucre, le sel et certaines confiseries peuvent même se passer de DDM et l’Union européenne autorise d’ailleurs désormais les marques à supprimer les dates limite sur ces produits. Beaucoup de produits frais sont eux aussi injustement mis au rebut. Pour les yaourts par exemple, il est tout à fait possible d’allonger les dates limite de consommation sans modifier la recette ni altérer leurs qualités…